Au nord-est du Bénin, niché au cœur de la ville de Kandi, un internat accueille chaque année une soixantaine de jeunes filles. Certaines d’entre-elles vont au collège et au lycée de la ville, d’autres y font leur apprentissage en couture ou en coiffure.

Peules, Baribas, Dendis, Boos… ces jeunes femmes d’ethnies diverses et de milieux souvent très modestes sont originaires de villages plus ou moins reculés et retournent dans leurs familles seulement pour les congés.

Peu importe d’où ces jeunes femmes viennent, leur passé, leur religion, ici, on souffle au creux de leurs oreilles qu’oser rêver peut façonner leur réalité.

Elles vont ainsi apprendre à s’écouter, à se découvrir, à avoir leurs propres aspirations.

Au-delà d’une éducation rigoureuse et d’un soutien dans leurs études, dans cet internat où elles sont admises selon seule leur volonté, elles vont, au gré d’un quotidien rythmé par une sororité unique, obtenir des clés essentielles à l’écriture de leur destin. Celui dont elles s’autorisent à rêver.

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Malgré les efforts déployés au profit de la scolarisation des filles au Bénin, telle que l’école gratuite pour toutes, seulement 59 % des filles achèvent aujourd’hui le cycle primaire. Un taux qui chute considérablement au nord du pays où la pauvreté s’est particulièrement accrue ces dernières années. 

En cause, l’instabilité politique au Sahel, la dégradation de la situation sécuritaire et les tensions sociales dans les régions du Nord.

Ce contexte de pauvreté participe à maintenir les obstacles à l’émancipation des jeunes filles : les grossesses précoces, les mariages forcés et le travail des enfants sont autant de combats auxquels nombreuses sont toujours confrontées.

Cet internat créé en 1966 par des religieuses constitue une bulle privilégiée face à la réalité réservée à ces jeunes femmes hors de ces murs, parvenant, malgré tout, à les trépasser de temps à autre. Ce microcosme rare et précieux est un rempart aux inégalités, un humble combat contre la fatalité.

In North-East Benin, nestled in the heart of Kandi, a boarding school welcomes around sixty young girls every year. 

Some of them go on to the town’s college, while others complete an apprenticeship in dressmaking or hairdressing.

Fulani, Bariba, Dendi, Boo… These young women from various ethnic groups and very modest backgrounds mostly come from remote villages. They only return to their families for holidays.

Wherever these young women come from, whatever their background, whatever their religion, we whisper in their ears that daring to dream can shape their reality.

They learn to listen to themselves, to discover themselves, to have their own aspirations.

In addition to a rigorous education and support in their studies, in this boarding school to which they are admitted on a voluntary basis, they will, in the course of a daily life punctuated by a unique sisterhood, obtain the essential keys to writing their own destiny. The one they allow themselves to dream of.

 

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Despite efforts to promote girls’ education in Benin, such as free schooling for all, only 59% of girls are currently completing primary education. This rate falls considerably in the North of the country, where poverty has increased particularly sharply in recent years due to political instability in the Sahel, the deteriorating security situation and social tensions in the northern regions. 

Sustained poverty is the tallest obstacle to girls’ schooling: early pregnancies, forced marriages and child labour are just some of the issues that many girls still face. 

This boarding school, established in 1966 by nuns, is a privileged bubble in the face of the reality suffered by young women outside these walls, despite the fact that they manage to pass through them from time to time. It’s a rare and precious microcosm, a bulwark against inequality, a noble fight against fate. 

© Noémie de Bellaigue