Les Peuls seraient près de 40 millions, concentré principalement en Afrique de l’Ouest. Depuis des millénaires, ces bergers pratiquant le nomadisme ou la transhumance se déplacent guidés par les besoins de leurs troupeaux, au gré des pâturages et des points d’eau.

Depuis la fin des années 60, les périodes de sécheresse affectent leurs conditions de vie de façon exponentielle. En Afrique subsaharienne, la hausse des températures a déjà causé la mort de plusieurs milliers de Peuls et des millions de leurs animaux.

Au Bénin, les Peuls représenteraient désormais près de 7% de la population. 

Ici, au nord-est du pays, les Peuls du village de Yoroukou ont quitté le Nigéria depuis plus d’un siècle pour s’installer dans la brousse, à quelques kilomètres de la ville de Kandi. Les Peuls du campement d’Alfakoara sont, quant à eux, descendus de la frontière séparant le Burkina Faso et le Niger pour habiter provisoirement dans différents villages de l’Alibori avant de lancer leur dévolu il y a 70 ans sur ce zone située à l’entrée du Parc National du W.

Des conflits ancestraux opposent les Peuls et les cultivateurs locaux, ces derniers leur reprochant de détruire les terres agricoles avec leurs troupeaux et d’user de la violence pour piller leurs congénères. Depuis la sédentarisation des éleveurs peuls, ces désaccords ont évolué, leurs nouveaux modes de vie les menant, eux-aussi, à cultiver.

Au Bénin, le manque de législation quant à la propriété des terres engendre de nombreux conflits fonciers dans un contexte où de nombreuses parcelles agricoles réservées pour l’agriculture intensive.

Parmi l’une des principales difficultés à l’acceptation des Peuls par les populations locales : se trouve également leur assimilation à des mouvances djihadistes.

Les milices terroristes qui sévissent au Sahel depuis la fin des années 2000 ont coutume de tenter d’instrumentaliser le sentiment de rejet des Peuls afin de les enrôler. Pourtant, preuve du non-fondé de cette croyance populaire, ils sont tout autant dépouillés de leurs animaux et la cible de massacres.

Entre 2021 et 2023, plusieurs villages peuls du nord du Bénin ont été attaqués par des djihadistes venus du Burkina Faso et du Niger traversant les frontières poreuses des parcs nationaux.

Si depuis 1984, les Peuls du Bénin peuvent accéder à l’école, aujourd’hui, moins de 2% des populations peules du pays serait alphabétisé.

En difficile adéquation avec leur activité d’élevage pour laquelle les enfants sont mis à contribution dès leur plus jeune âge, la scolarisation des Peuls est un enjeu de taille pour l’intégration de ces familles.

L’accès à l’éducation pour les petites filles joue un rôle sur les mariages précoces et forcés ainsi que sur le taux de natalité.

Selon les derniers chiffres, une femme peule a en moyenne 10 enfants : c’est plus du double de la moyenne nationale béninoise qui avoisine les 4.

© Noémie de Bellaigue